Rendre chacun acteur de sa sécurité pour viser le zéro accident :

L’engagement de CLAAS Woippy

Née dans l’Est de la Westphalie au siècle dernier, CLAAS fabrique des machines et équipements agricoles depuis 112 ans.

Première usine du groupe hors d’Allemagne, le site de Woippy, inauguré en 1962, est spécialisé dans la production de presses à balles destinées à conditionner en bottes foin, paille ou fibres. Cédric Zimoch en est devenu le directeur il y a 18 mois, après avoir expérimenté différentes responsabilités (logistique, gestion des flux, qualité, …) durant 25 ans, ce qui lui permet aujourd’hui de connaître les lieux et leur fonctionnement dans leurs moindres détails.

Avec son comité de direction, il a fait de la sécurité des travailleurs un enjeu majeur et refondu la politique de prévention à l’aune de ses ambitions : aller vers le zéro accident.

Une démarche pleinement soutenue par le Fonds de Dotation Mercy.

Presse à balles carrées

Concevoir aujourd’hui les machines agricoles de demain

Depuis 1962, l’entreprise CLAAS, actrice majeure du machinisme agricole dans le monde, fait rayonner à l’international le nom de Woippy, dynamique commune de 15.000 habitants limitrophe de Metz.

Un peu plus de 300 salariés -dont près de la moitié d’ouvriers- s’attellent chaque jour, dans l’usine mosellane, à fabriquer des presses à balles rondes ou carrées, sur la base d’un savoir-faire conjuguant tradition et innovation au service d’une croissance durable.

Au-delà de la performance industrielle, un autre enjeu est profondément ancré dans la stratégie de CLAAS : la sécurité. « Il est essentiel de garantir la sécurité de nos clients lors de l’utilisation de nos machines » déclare Cédric Zimoch, qui dirige le site depuis octobre 2023. « Une presse à balles carrées présente une force de frappe pouvant atteindre 45 tonnes. Autant dire qu’il s’agit d’éviter au maximum les erreurs, vu l’importance potentielle de leurs conséquences. Chaque produit est donc accompagné de précautions d’emploi et d’instructions précises pour une utilisation correcte. »

Les interactions avec le Fonds de Dotation Mercy nous ont aidés à inscrire nos projets dans un périmètre plus large qui leur donne un supplément d’âme.

Cédric Zimoch

Directeur de l'usine CLAAS Woippy

Un taux de fréquence des accidents inacceptable

Charité bien ordonnée commençant par soi-même, il est tout aussi primordial d’assurer la sécurité des salariés de l’entreprise, mais aussi celle de la centaine d’intérimaires qui vient étoffer les rangs lors des pics de production.

« Lorsque j’ai pris en main le management industriel du site en 2020, ma première tâche a été de remettre en état la supply chain, d’améliorer la production et d’équilibrer les lignes d’assemblage. Immédiatement après, j’ai voulu faire de la sécurité au travail un axe prioritaire », se souvient Cédric Zimoch. L’usine enregistrait alors un taux de fréquence des accidents supérieur à 30, qui ressemblait à un plancher de verre : « 23 accidents avec arrêt en une seule et même année au sein de nos ateliers, malgré les nombreuses mesures déjà mises en place, c’était inacceptable. »

Chaque accident qui entraîne une absence a, en effet, des répercussions plus ou moins graves non seulement sur le travailleur, mais aussi sur l’équipe et la productivité de l’entreprise.

Notamment, écoler son remplaçant prend du temps. Par exemple, pour qu’un nouvel opérateur soit autonome sur une ligne de production de presses à balles rondes, il faut compter trois semaines de formation en binôme. « C’est pourquoi nous devions impérativement prendre mieux soin de nos équipes, mettre en place des mesures efficaces pour réduire les accidents et créer un environnement de travail sûr pour préserver nos ressources et pourvoir à la continuité des opérations » reconnaît le directeur du site.

L’usine de Woippy – ligne balle ronde

Une politique sécurité repensée

CLAAS Woippy a donc fait appel au cabinet expert ETSCAF, pour refondre sa stratégie de prévention : « Nous avions besoin d’une nouvelle méthodologie et d’un changement de culture sécurité, qui mette davantage l’accent sur les comportements. » Cette approche différente a suscité un véritable enthousiasme chez Cédric Zimoch : « Lors de notre premier temps de travail ensemble, j’ai dû passer une sorte d’entretien visant à estimer mes convictions et mes motivations en matière de santé-sécurité au travail. On m’a aussi demandé jusqu’où j’étais prêt à aller, en mettant l’humain au centre. J’ai trouvé cela particulièrement intéressant et innovant. »

Ensuite, il a fallu aligner le comité de direction autour de ces questions et enjeux, ce qui s’est avéré moins facile qu’escompté : « Lorsque j’ai proposé d’organiser un séminaire « sécurité » de deux jours, l’un de mes directeurs m’a clairement affirmé que ce n’était pas un sujet lié à sa fonction. J’ai donc dû trouver des leviers et des déclencheurs spécifiques pour chaque profil de top manager. Par exemple, pour éveiller l’intérêt d’un directeur financier, lui montrer comment les coûts indirects liés à des carences de sécurité impactent les pertes de l’entreprise peut s’avérer une bonne idée » conseille Cédric Zimoch. Et l’on pourrait aussi parler du rôle important joué par le directeur des achats. C’est, en effet, lui qui a la main sur le conditionnement des pièces à recevoir, dont on connaît l’impact sur les manipulations effectuées ensuite par les ouvriers.

La nouvelle politique de sécurité de CLAAS Woippy a donc été élaborée collectivement. Des objectifs y ont été accolés, avec une feuille de route claire pour les atteindre. Les partenaires sociaux aussi ont été associés à l’exercice. Le directeur de l’usine l’admet sans difficulté : « L’adhésion des organisations syndicales à la démarche était cruciale. Nous avons d’ailleurs formalisé cet engagement par écrit. Cela a permis de renforcer la confiance entre nous et d’assurer que tous les employés comprennent que la sécurité est une priorité partagée.»

Visite de sécurité sur un poste soudure

Une approche qui rend chacun acteur de sa sécurité

L’une des mesures phares de cette politique repose sur la mise en place de visites de sécurité. Contrairement à un audit, ces visites sont annoncées aux salariés et menées de manière collaborative. L’objectif est double : valoriser les bonnes pratiques et identifier les actes ou conditions dangereuses.

L’observation d’un poste de travail dure 20 minutes. Dans la foulée, la restitution des points saillants est faite à l’opérateur concerné, en l’invitant à proposer des améliorations pour réduire les risques liés aux situations observées. L’objectif est que 80 % des comportements et contextes dangereux donnent lieu à des actions immédiates. Cédric Zimoch l’affirme : « En incitant l’opérateur à réfléchir sur les conséquences de ce qu’il fait ou ne fait pas, cette méthode permet à celui-ci de devenir acteur de sa propre sécurité et c’est exactement ce que nous souhaitons. »

Aujourd’hui, 86 employés sur les quelque 300 que compte le site de Woippy sont formés à cet exercice. Même les représentants des syndicats y participent. Et les résultats sont plutôt probants : en deux ans, le nombre d’accidents avec arrêt a chuté de 23 à 9, soit une réduction de plus des deux tiers. « Nous célébrons chaque progrès réalisé. Notre objectif à terme est clairement le zéro accident » martèle Cédric Zimoch, plus motivé que jamais.

Un projet de réduction des TMS soutenu par le Fonds de Dotation Mercy

Dans cette transformation, l’usine peut compter sur le soutien du Fonds de Dotation Mercy, qui l’accompagnera financièrement dans la mise en place de solutions concrètes, notamment pour réduire les troubles musculo-squelettiques (TMS) et la charge mentale des opérateurs, c’est-à-dire des problématiques dont la résolution s’inscrit dans le temps long.

« J’ai trouvé l’approche de l’équipe du Fonds très pragmatique et constructive » estime le directeur de CLAAS Woippy. « Au moment de notre première rencontre, nous lui avions soumis trois dossiers en cours d’élaboration. L’expertise du Fonds nous a permis de phaser nos ambitions, de préciser nos points forts et de raffiner nos argumentaires pour mieux mettre en évidence l’ensemble des bénéfices espérés. A son contact, nous avons aussi compris l’importance que les solutions développées puissent être applicables à d’autres secteurs. Pour le dire autrement, cette interaction avec le Fonds de Dotation Mercy nous a aidés à inscrire nos projets dans un périmètre plus large qui leur donne un supplément d’âme. »

Un premier projet, validé fin 2024, portera sur la modernisation du système de levage des rouleaux, un élément-clé de la production des presses à balles. « Nous utilisions un système vieux de 20 ans, qui présentait des risques en raison du poids des rouleaux, pouvant atteindre 30 kilos. Grâce au soutien du Fonds, nous pourrons installer un bras manipulateur innovant, limitant les efforts physiques des opérateurs.» à ces fins, une collaboration avec l’Ecole Nationale des Ingénieurs de Metz (ENIM) sera vraisemblablement mise en place.

Une usine en évolution

Le budget du projet avoisine les 120.000 euros, co-financés à parts égales par CLAAS et le Fonds de Dotation Mercy. Il s’articule avec la révision globale des lignes d’assemblage prévues dans les trois prochaines années pour faciliter le lancement de nouveaux produits. Les problématiques de sécurité, notamment celles liées aux contraintes de flux, devront donc être pleinement intégrées dans l’exercice pour garder le cap fixé en termes de réduction des accidents et presqu’accidents.

En quelques années, CLAAS Woippy a fait de la sécurité une valeur centrale de son organisation, en s’appuyant sur une politique volontariste qui pourrait bien inspirer d’autres industriels à l’avenir. « Ce sujet rassemble tous les acteurs économiques de la région. Nos enjeux sont les mêmes par-delà les particularités de nos entreprises respectives. C’est pourquoi je ne manque jamais une occasion de faire du prosélytisme. »

Le zéro accident doit avoir ses ambassadeurs. Assurément, Cédric Zimoch en est un.

Interviews et rédaction : Nathalie Ricaille, journaliste.

Les propos ayant servi de base à cet article ont été recueillis entre février et mai 2025.

Que toutes les personnes interviewées soient ici remerciées pour leur temps et l’intérêt qu’elles ont marqué à l’égard de la sollicitation du Fonds de Dotation Mercy.

Le Fonds de Dotation Mercy : 10 ans de philanthropie atypique et volontariste au service de l’innovation en matière de santé-sécurité et bien-être au travail

Cet article fait partie d'une série qui retrace les 10 premières années d'action du Fonds de Dotation Mercy. Constituée de 8 parties, dont vous pourrez trouver les liens ci-dessous, elle donne à voir à travers des témoignages variés la portée du Fonds de Dotation Mercy dans le soutien à l'innovation dans le domaine de la santé-sécurité et le bien-être au travail.

LISTE DES ARTICLES :

Projets emblématiques soutenus par le Fonds Mercy :